Article de Eric BURGRAFF
Publié le Mardi 26 décembre 1995 – Page 18
Fêter les 80 ans d’une PME dans une église… On aura tout vu ! Pourtant, lorsque l’on connaît le nom de la société, la SPRL Golinvaux, cela devient bien moins singulier. L’entreprise est en effet spécialisée dans la restauration de toitures d’églises, de cathédrales, de collégiales, de clochers, de châteaux et de tours ! La restauration en cours du clocher de l’église Saint-Pierre de Bastogne – une impressionnante tour de 44 mètres de périmètre – fut l’occasion, il y a quelques jours, de marquer le coup.
L’entreprise fut créée à Ochamps en 1915 par «le Lucien du Yèt» ou, Lucien Golinvaux, couvreur de son état. Couvreur et non pas ardoisier, ce dernier nom étant, dans la région, celui des carriers qui, sous terre, extraient le schiste ardoisier. Il cédera progressivement le flambeau à son fils Robert au début des années 50. C’est lui qui donnera à l’entreprise ses lettres de noblesse. Mais la mort le cueillit au travail en 1980. Colette Golinvaux, sa fille alors âgée de 21 ans et qui se destinait à une tout autre carrière, se mettra à l’ouvrage. Il nous laissait un très bel outil, une belle culture d’amour du beau, d’amour du travail d’équipe, du respect des choses et des gens, explique-t-elle aujourd’hui. C’était tout ou rien. J’ai choisi de dire oui.
Avec son mari Bernard Sacré, administrateur délégué de la Chambre patronale de la Construction et président de la Confédération wallonne du même secteur, elle dirige aujourd’hui une PME traditionnelle de 14 personnes. Traditionnelle, mais, on l’a dit, spécialisée dans la restauration de toitures de bâtiments historiques, souvent prestigieux.
À son actif : l’ancien hospice de Dinant, le beffroi de Namur, la basilique de Saint-Hubert, l’église Saint-Jean-Baptiste de Namur, la collégiale de Dinant, la cathédrale Saint-Paul de Liège, le siège du Conseil régional wallon à Namur et une multitude d’églises et de châteaux.
Cette expérience de 80 ans donne l’occasion à Colette Golinvaux de construire une réflexion. Parlant des métiers de couvreur, maçon, tailleur de pierre, sculpteur… elle estime qu’il est grand temps de les revaloriser, de faire respecter les exigences de leur art et de donner le prix nécessaire à leur apprentissage, à leur réalisation et au respect de la sécurité sur les chantiers.
É. B.